Carnet de voyage – 20 jours au Rajasthan – février 2025

Dance à Bundi (Rajasthan)

Je vous partage ici le récit complet de notre voyage au Rajasthan, réalisé en février 2025.

Ce périple a été entièrement imaginé et organisé par Lokendra, notre guide local, après quelques échanges WhatsApp pour bien cerner nos envies, notre rythme et nos préférences.

Le résultat ? Un parcours sur-mesure, mêlant confort, découvertes authentiques, immersion culturelle et moments de vraie liberté.

Nous avons été enchantés par la richesse des activités proposées, la qualité des hébergements, et surtout, par la sensation de vivre pleinement le Rajasthan : ses traditions, ses contrastes, sa chaleur humaine.

Alors si vous envisagez vous aussi de partir…

Bonne lecture, et bon voyage !

Du 5 au 25 février – 21 jours

15 villes visitées. Budget pour 2 personnes : 7000 € (tout inclus)

Kilométrage par jour (trajets inter-villes)

Date Trajet Distance approximative
07/02 DelhiAgra 250 km
08/02 AgraJaipur (via Fatehpur) 250 km
10/02 JaipurBikaner 350 km
11/02 BikanerJaisalmer 335 km
13/02 JaisalmerJodhpur 300 km
14/02 JodhpurRanakpur 160 km
15/02 RanakpurJojawar 100 km
16/02 JojawarKumbhalgarh 150 km
17/02 KumbhalgarhUdaipur 100 km
19/02 UdaipurBundi 270 km
20/02 BundiChittorgarh 170 km
21/02 ChittorgarhPushkar 230 km
22/02 PushkarRanthambore 280 km
23/02 RanthamboreGwalior 300 km
24/02 GwaliorDelhi (en train) ~325 km

Voici le programme détaillé de notre voyage au Rajasthan, CHA PATI !!

Jour 1 – 5 février 2025 : Delhi – Première claque, premier contraste

Bienvenue à Delhi ! Nous sommes arrivés à l’aéroport international Indira Gandhi au petit matin. Lokendra nous y a accueilli dans le hall des visiteurs avec un panneau à notre nom. Nous avons fait la connaissance de Ganeth notre conducteur. Première halte à l’hotel zazahomestay.

Après un petit rafraîchissement, nous somme parti pour une visite guidée de la ville. Delhi, la capitale animée de l’Inde, s’étend le long de la rivière Yamuna. C’est une métropole foisonnante de près de 14 millions d’habitants, où le contraste entre l’ancien et le moderne est saisissant. Depuis le Xe siècle, sept cités s’y sont succédé, gouvernées par les Rajputs, les Turcs, les Afghans, les Moghols et les Britanniques.

Delhi est en réalité deux villes en une :

Visites du jour

Nuit à l’hôtel : Zazahomestay

Jour 2 – 6 février 2025 : Rajpath et Old Delhi – Des avenues impériales aux marchés vivants

Après un bon petit-déjeuner, nous avons commencé la journée par la visite de Rajpath, cette longue avenue de près de trois kilomètres, autrefois le cœur de l’Inde britannique. Aujourd’hui encore, elle impressionne avec ses grands canaux bordant la chaussée et ses vues majestueuses dans les deux sens. On s’est sentis tout petits au milieu de tant de grandeur.

Nous avons ensuite marché tranquillement jusqu’à India Gate. Elle a été construite pour honorer les soldats indiens et britanniques tombés pendant la Première Guerre mondiale. En chemin, on a eu la chance d’apercevoir le Parlement et le Rashtrapati Bhavan. Perché sur la colline de Raisina, ce bâtiment immense et élégant, imaginé par Lutyens, servait autrefois de résidence au vice-roi. Aujourd’hui, il abrite le président de la République. C’est vraiment impressionnant de voir comment l’histoire coloniale et l’Inde moderne cohabitent dans un même lieu.

India Gate (Rajpath)

L’après-midi, nous avons plongé dans l’effervescence d’Old Delhi, autrefois appelée Shahjahanabad. On s’est aventurés dans les ruelles de Chandni Chowk, tantôt à pied, tantôt en tuk-tuk. C’était bruyant, vivant, un peu chaotique parfois, mais plein de charme. Les couleurs, les odeurs d’épices, les cris des vendeurs... Tout ce désordre avait quelque chose de profondément authentique. On avait l’impression de faire un saut dans le temps, dans un marché inchangé depuis des siècles.

Jeune homme faisant de la cuisine (Restaurant Chandn Chowk)

Notre dernière étape de la journée a été la Jama Masjid. C’est la plus grande mosquée de l’Inde, et la dernière grande œuvre de l’empereur Shah Jahan. Elle dégage une sérénité incroyable, presque irréelle au milieu du tumulte de la ville. On s’est posés un moment sur les marches, à contempler la vue sur Old Delhi. Un vrai moment de calme et de beauté suspendue.

Nuit à l’hôtel : Zazahomestay

Jour 3 – 7 février 2025 : Agra – Forteresse, finesse et héritage moghol

Durée du voyage - 250 km Environ 4 heures 20 minutes de route

Aujourd’hui, après le petit-déjeuner, nous avons pris la route pour Agra. Le trajet a été plutôt agréable, et à notre arrivée, on s’est installés à l’hôtel avant de partir explorer la ville. Agra a vraiment une ambiance particulière, chargée d’histoire. C’était autrefois la capitale des empereurs moghols aux XVIe et XVIIe siècles, et on ressent encore partout leur influence.

Les grands empereurs comme Akbar, Jahangir et Shah Jahan y ont régné sur leurs immenses empires, entourés d’artisans venus de Perse, d’Asie centrale et de tout le sous-continent. Le résultat ? Des palais somptueux, des tombeaux raffinés, des jardins parfaitement symétriques et des forteresses imposantes, surtout le long de la Yamuna. Trois de ces joyaux, dont bien sûr le mythique Taj Mahal, sont aujourd’hui classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Agra est aussi célèbre pour sa technique d’artisanat unique : la Pietra Dura. Ce sont de minuscules morceaux de pierres précieuses et semi-précieuses finement incrustés dans le marbre, formant des motifs floraux et géométriques d’une finesse incroyable. C’est fascinant de voir à quel point cette tradition venue de Florence a été adoptée ici avec tant de virtuosité.

Dans l’après-midi, nous avons visité le Fort Rouge d’Agra — majestueux, avec ses remparts en grès rouge et ses vues superbes sur la rivière. Puis nous sommes allés découvrir le tombeau d’Itmad-ul-Daulah, souvent surnommé le "petit Taj" pour sa beauté délicate. Ce monument est un vrai bijou, plus intime que le Taj Mahal mais tout aussi raffiné.

Jardin avec Taj Mahal en arrière plan

Heureusement, Lokendra avait tout prévu : il nous avait trouvé un guide local qui parlait un français impeccable. C’était vraiment agréable d’avoir les explications en direct, sans avoir à chercher nos mots.

Le soir, on a tenté une expérience un peu plus "touristique", mais très sympa : le spectacle de Kalakriti. Certes, ce n’est pas donné (2500 roupies par personne), mais ça vaut le coup. C’est un show de danse et de musique traditionnelle qui raconte l’histoire d’amour entre Shah Jahan et Mumtaz Mahal, celle qui a inspiré la construction du Taj Mahal. La mise en scène était soignée, les costumes magnifiques, et on a même pu voir la fameuse réplique en pierre du Taj, la plus grande au monde paraît-il. Un bon moment pour conclure la journée !

Nuit à l’hôtel : Hotel the retreat

Jour 4 – 8 février 2025 : Du Taj Mahal à Jaipur – Du marbre sublime à la ville rose

Durée du voyage - 250 km Environ 4 heures 20 minutes de route

Tôt le matin, nous avons pris la direction du Taj Mahal pour le visiter au lever du soleil. Il a fallu faire preuve de patience : la file d’attente était déjà bien formée à cette heure-là… Heureusement, Lokendra connaît toutes les astuces pour gagner du temps, et on a pu éviter une bonne partie de l’attente.

Une fois les contrôles de sécurité passés, on a traversé les jardins jusqu’à la porte sud… Et là, le choc visuel. Le Taj s’est révélé à nous comme un mirage, flottant dans la lumière du petit matin. Son marbre blanc semblait presque irréel, comme s’il se dissolvait doucement dans la brume. La lumière jouait avec les surfaces polies, et donnait à l’ensemble une légèreté incroyable. C’était un moment suspendu, un de ceux qu’on n’oublie jamais.

Jardin du Taj Mahal

(Petite parenthèse : si ça vous intéresse, j’ai pris le temps d’écrire un article plus complet sur cette visite que je partagerai volontiers !)

Après cette parenthèse magique, retour à l’hôtel pour un petit-déjeuner bien mérité, puis on a repris la route vers notre prochaine étape : Jaipur.

Avant cela, petite halte à Fatehpur Sikri. Cette ancienne capitale construite au XVIe siècle par l’empereur Akbar n’a été habitée que pendant quelques décennies, principalement à cause d’un manque d’eau. Pourtant, le site reste impressionnant : des palais, des cours immenses, une architecture d’une précision et d’une beauté fascinantes. On sentait encore l’ambition de créer ici une ville idéale, même si l’histoire en a décidé autrement.

Puis, direction Jaipur. Aussi appelée "la ville rose", Jaipur a été fondée en 1727 par le maharaja Sawai Jai Singh. Dès les premières rues, on a été frappés par le contraste entre tradition et modernité : des bazars animés où se croisent hommes en turban, jeunes en jeans, chevaux, chameaux, tuk-tuks et scooters. C’est vivant, coloré, un peu chaotique mais tellement charmant. Le Hawa Mahal, ou "Palais des Vents", domine le centre-ville avec sa façade rose ajourée : un vrai bijou architectural.

À notre arrivée, on s’est d’abord reposés un peu à l’hôtel — la journée avait déjà été bien remplie — mais le soir, notre guide nous avait réservé une surprise… et quelle surprise !

Parc Chokhi Dhani de nuit (Jaipur)

Direction Chokhi Dhani, un parc thématique très apprécié des locaux, mais quasi inconnu des touristes. Et franchement, on a adoré ! L’ambiance était chaleureuse, festive, authentique. On a découvert des danses folkloriques, fait un petit tour en barque autour du parc, visité des maisons traditionnelles reconstituées, observé des artisans à l’œuvre dans des ateliers de poterie ou de musique. Il y avait aussi des temples suspendus, des mini-observatoires, et plein de jeux simples mais ludiques : chamboule-tout en bois, jeux d’adresse, stands à l’ancienne… On a même mangé dans un des restaurants traditionnels sur place, assis au sol, servi à la main. Une vraie immersion !

On ne s’attendait pas à ça, et c’est peut-être ce qui a rendu l’expérience encore plus belle. Merci Lokendra pour cette belle surprise !

Nuit à l’hôtel : Khandelamahal

Jour 5 – 9 février 2025 : Le fort d’Amber – Stratégie, élévation et raffinement

Après le petit-déjeuner, nous avons mis le cap sur le fort d’Amber (ou Amer), ancienne capitale de l’État. Perché sur une colline, le fort domine toute la région, ceinturé par un immense rempart qui serpente à travers les collines — on aurait dit un petit morceau de la Grande Muraille de Chine, version Rajasthan.

Trois options s’offraient à nous pour rejoindre le sommet : monter à dos d’éléphant, prendre une jeep, ou y aller à pied. Sans hésiter, nous avons choisi la marche. Pas question pour nous d’encourager l’exploitation des éléphants, et puis la montée à pied permettait aussi de profiter tranquillement des paysages.

Lokendra nous avait trouvé un guide pour la visite, mais il faut dire qu’il nous a un peu moins convaincus que celui d’Agra, que nous avions beaucoup apprécié. Lokendra s’est excusé : son guide habituel était malheureusement malade ce jour-là. Cela dit, cela ne nous a pas empêchés de profiter pleinement du lieu.

Fort à Éléphant Amber

Le fort se découvre par paliers, à travers ses quatre grandes terrasses. Chaque niveau correspond à une fonction précise : les quartiers publics, les appartements familiaux, et enfin les espaces plus intimes, réservés aux femmes. Comme souvent dans l’architecture rajput, plus on s’élève, plus on entre dans l’intimité du pouvoir. Le tout est construit à flanc de colline, avec une logique défensive imparable. On a adoré observer les détails de la décoration : les fresques, les incrustations, les matériaux utilisés, tout était raffiné. Et puis, la vue depuis les hauteurs… époustouflante. Plus on montait, plus elle s’élargissait, jusqu’à embrasser toute la vallée.

Rempats du fort d'Amber

L’après-midi, nous sommes retournés au cœur de Jaipur pour flâner dans la ville. Cette capitale du Rajasthan a été peinte en rose il y a un siècle pour accueillir dignement un prince en visite. Encore aujourd’hui, cette couleur ocre-rosée donne une unité incroyable à l’ensemble de la ville. Elle a été conçue il y a plus de 260 ans par le maharaja Jai Singh, célèbre pour sa passion pour l’astronomie et les sciences.

Bâtiments roses (Jaipur)

Dans les rues, c’était l’effervescence : rickshaws, scooters, voitures, piétons, sans oublier les vaches qui dorment au milieu du passage, les chiens qui déambulent et les fameux barals. Ces arbres sacrés au tronc torsadé et aux racines noueuses forment de véritables sculptures vivantes. Ce qui est fou, c’est que l’architecture des maisons s’adapte à eux : on construit autour, jamais contre. C’est un bel exemple de cohabitation entre l’humain et la nature.

Baral street (Jaipur)

Bien sûr, nous sommes passés devant le Hawa Mahal, le célèbre "Palais des Vents". Sa façade rose percée de centaines de petites fenêtres en nid d’abeille est impressionnante. Il ne nous a pas fallu longtemps pour en faire le tour, mais impossible de visiter Jaipur sans s’y arrêter au moins quelques minutes.

Enfin, nous avons terminé la journée avec la visite du City Palace, le palais de la ville. Toujours aussi somptueux, il mêle les influences mogholes et rajputes dans une explosion de couleurs, de fresques et de détails architecturaux. Une belle façon de conclure cette journée entre histoire, traditions et vie quotidienne.

Nuit à l’hôtel : Khandelamahal

Jour 6 – 10 février 2025 : De Jaipur à Bikaner – Remparts, chameaux et cartes en soirée

Durée du voyage - 350 km Environ 5 heures et 50 minutes de route

Aujourd’hui, nous avons pris la route en direction de Bikaner, une belle traversée en voiture qui nous a peu à peu plongés dans l’ambiance du désert du Thar. Le paysage changeait doucement : la végétation se faisait plus rare, les terres plus sablonneuses… on sentait qu’on entrait dans une autre dimension du Rajasthan.

Bikaner, entourée de hauts remparts, est une ville à part. Elle dégage un charme particulier, presque hors du temps, avec son fort du XVIe siècle, ses anciens palais, ses temples et sa mosquée nichés au cœur du désert. On l’appelle le "pays des chameaux", et ce n’est pas un hasard : on en a croisé plusieurs dans les rues, tranquilles, comme s’ils faisaient partie du décor depuis toujours. La ville a ce petit quelque chose de captivant : un mélange de culture, de tranquillité et de splendeur passée, typique des anciens royaumes Rajputs. Ce n’est pas pour rien qu’elle fait partie des trois grands royaumes du désert, avec Jaisalmer et Jodhpur.

Entrée du fort de Bikaner

Après un déjeuner simple mais délicieux, nous sommes partis visiter le fort de Junagarh. Ce qui rend ce fort unique, c’est qu’il n’a jamais été conquis — une rareté au Rajasthan. Construit en 1588 par Raja Rai Singh, un fidèle général de l’empereur Akbar, c’est un vrai bijou d’architecture. On a été impressionnés par la richesse du lieu : des palais en grès rouge et en marbre, des cours intérieures, des balcons, des jharokhas (fenêtres sculptées), des kiosques… Chaque espace avait sa personnalité, son ambiance, son histoire. On s’y est promenés avec plaisir, un peu ébahis à chaque tournant.

Bikaner est une petite ville tranquille, donc après cette belle visite, nous avons choisi de passer la soirée à l’hôtel, au Chandrarajmahal. Un endroit parfait pour se détendre, sortir un jeu de cartes et partager quelques rires autour d’un bon repas. Idéal après une longue journée de route.

Nuit à l’hôtel : Chandrarajmahal

Jour 7 – 11 février 2025 : Jaisalmer – Ville dorée, désert et festival étoilé

Durée du voyage - 335 km Environ 5 heures de route

Aujourd’hui, cap sur Jaisalmer ! Rien que de l’écrire, j’ai déjà envie d’y retourner. Cette ville est un vrai bijou, posée là, tout à l’ouest du Rajasthan, aux portes du Pakistan, en plein désert du Thar. Dès notre arrivée, on comprend pourquoi on l’appelle la "ville d’or" : tout est construit en grès jaune, qui prend des teintes dorées incroyables à la lumière du soleil.

Vue du fort de Jaisalmer

Ancien centre commercial médiéval et État princier, Jaisalmer semble figée dans le temps. Sa silhouette est dominée par une citadelle spectaculaire, juchée au sommet d’une colline et entourée de 99 bastions. À l’intérieur, un véritable labyrinthe de ruelles mène au palais du maharaja et à des temples jaïns finement sculptés, tous plus fascinants les uns que les autres.

Tapis sur le mur du fort de Jaisalmer

Nous avons d’abord flâné dans les ruelles étroites de la ville basse, où la vie semble se dérouler sans pause. On était très contents d’avoir Lokendra à nos côtés. Franchement, visiter seuls, avec nos têtes de touristes bien visibles, ce n’est pas toujours rassurant, surtout dans des endroits aussi animés. Le dédale de rues, les klaxons dans tous les sens, les vaches qui se promènent au milieu de tout le monde, les étals qui débordent sur la route, les odeurs qui remontent parfois des canalisations sous l’effet de la chaleur… Tout ça peut vite faire tourner la tête. Avoir un guide, c’est être en sécurité, mais surtout, c’est ne rien rater des détails étonnants qu’on aurait pu ignorer.

En fin d’après-midi, nous avons rejoint notre hôtel, un petit palais en dehors de la ville, absolument superbe. Une vraie oasis. La piscine était magnifique, et je me suis installé tranquillement au bord de l’eau, un masala tea fumant entre les mains, pendant que les jardiniers arrosaient les fleurs en silence. Le seul bruit ? Le clapotis de l’eau et le souffle du vent chaud. C’était un moment suspendu, paisible et doux.

Et comme souvent avec Lokendra : surprise en soirée !

Dance lors du festival du desert (Jaisalmer)

Il nous a emmenés au Festival du Désert, un événement gratuit et ouvert à tous, qui se tient au pied du fort de Jaisalmer. L’ambiance y était incroyable : pendant plusieurs jours, s’y enchaînent courses de dromadaires, concours de la plus belle moustache (!), concerts, danses folkloriques, chants traditionnels… Et ce soir-là, cerise sur le gâteau, nous avons assisté à une performance live du chanteur Punjabi Kaka, une véritable star en Inde. Son histoire est aussi belle que sa musique : issu d’une caste modeste, il a su conquérir le cœur de tout un pays. L’énergie du public était folle !

On est rentrés à l’hôtel heureux mais épuisés, des images plein la tête et le cœur encore un peu accroché à la magie de la ville d’or.

Nuit à l’hôtel : Rawal Kot

Jour 8 – 12 février 2025 : Jaisalmer – Fort vivant, temples jaïns et dunes du Thar

Ce matin, nous avons commencé notre découverte de Jaisalmer par le Fort, ou Sonar Quila, littéralement “le Fort doré”. Difficile de passer à côté : il domine la ville et semble émerger directement du désert, comme un mirage taillé dans le grès. Construit en 1156 par le souverain Rajput Rao Jaisal, il est l’un des plus grands forts encore habités au monde.

C’est ce qui rend cet endroit si unique : ce n’est pas un musée, mais une ville vivante, animée, colorée. On y croise des marchands, des enfants qui jouent, des artisans, des femmes en sari qui traversent les ruelles étroites. Il suffit de grimper les pentes du fort pour se retrouver plongé dans une autre époque.

Nous avons exploré plusieurs petits temples hindous, tous ouverts au public. À chaque fois, le même rituel : on se déchausse, on grimpe les marches, on sonne la cloche, on observe les fidèles, les offrandes, les détails sculptés... Un moment de calme et de recueillement dans la frénésie ambiante. Et, petite surprise : à la sortie d’un temple, un cireur de chaussures a remis à neuf nos sandales pendant qu’on admirait les lieux — un vrai service express intégré à l’expérience 😊

Temple Jaisalmer

Nous avons ensuite visité le Patwon Ji ki Haveli, l’un des plus beaux exemples d’architecture haveli de Jaisalmer. En réalité, il s’agit de cinq havelis reliés entre eux, construits au XVIIIe siècle par un riche marchand. Les façades sont finement sculptées, pleines de détails en dentelle de pierre. On a adoré se perdre dans les balcons, les alcôves, les jeux d’ombre et de lumière.

Puis, direction le Gadisar Lake, à deux pas du centre-ville. Un petit havre de paix, souvent prisé des musiciens locaux qui viennent y répéter au bord de l’eau. L’ambiance y est douce, presque méditative — un vrai contraste avec les ruelles animées du fort.

Lac gadisar (Jaisalmer)

L’après-midi, nous avons découvert les temples jaïns, autre trésor de Jaisalmer. Construits entre le XIIe et le XVe siècle, ils sont ornés de sculptures complexes, d’une finesse incroyable. Chaque colonne, chaque plafond est une œuvre d’art. Même si on ne connaît pas tous les codes du jaïnisme, on ne peut qu’être émerveillés devant tant de beauté.

En fin de journée, nous avons quitté la ville pour rejoindre un camp dans le désert, à une cinquantaine de kilomètres. Le site se compose de petites cases en terre, confortables mais simples, à l’image de la vie dans le désert. C’était l’occasion de faire une balade à dos de dromadaire dans les dunes environnantes. Le rythme était lent, la lumière dorée, et le soleil descendait paisiblement à l’ouest, dans un silence presque total.

Balade de dromadaire dans le desert Thar (Rajasthan)

La soiré s’est déroulée autour d’un feu de camp, animée par des danses traditionnelles et de la musique folklorique. L’ambiance était détendue, conviviale, sans chichi. On a simplement profité du moment, de la fraîcheur du soir, du ciel dégagé, et de ce petit sentiment de déconnexion qui fait du bien après une journée bien remplie.

Dîner et nuit au Khuri resorts

Jour 9 – 13 février 2025 : Jodhpur – Bastion bleu et puissance de Mehrangarh

Durée du voyage - 300 km Environ 4 heures 32 minutes de route

Après le petit-déjeuner, nous avons pris la route en direction de Jodhpur, cette ville si reconnaissable par sa couleur bleue éclatante. Perchée aux portes du désert, elle marque la frontière entre la société féodale rajput et les grandes étendues arides du Thar. Jadis prospère grâce au commerce de l’opium, de la soie et du cuivre, Jodhpur incarne à la fois l’élégance, la stratégie militaire et l’animation populaire.

Jodhpur la ville bleu

À notre arrivée, nous avons déposé nos affaires à l’hôtel, puis nous avons filé directement visiter le célèbre Fort de Mehrangarh.

Construit à flanc de colline, ce fort semble littéralement émerger de la roche. On y accède par une route pavée escarpée, ponctuée de tournants à angle droit et de portes monumentales. À certains endroits, le chemin se divise ou fait un virage serré juste avant une porte imposante. Ce n’est pas un hasard : tout est pensé pour ralentir les ennemis et briser les charges d’éléphants, une véritable leçon de stratégie défensive.

Remparts du fort de Mehrangarh

Une fois arrivés au sommet, le fort dévoile un entrelacs de cours, de couloirs suspendus, de balcons sculptés et de salles richement décorées, comme le Moti Mahal (le palais de perle) ou le Phool Mahal (le palais des fleurs). Partout, des vues à couper le souffle sur la ville bleue, étalée en contrebas comme un océan de toits peints à la chaux indigo.

À quelques pas de là, nous avons ensuite visité le Jaswant Thada, un magnifique mémorial en marbre blanc, bâti en hommage au maharaja Jaswant Singh II. Le lieu est calme, entouré d’un jardin soigneusement entretenu, et baigné d’une lumière douce. Depuis ses hauteurs, on profite d’une superbe perspective sur la ville et les remparts du fort. Le contraste entre le marbre blanc, le vert du jardin et le bleu de la ville en contrebas est saisissant.

Mémorial Jaswant Thada (Jodhpur)

En fin de journée, nous avons profité du cadre paisible de notre hôtel. La piscine, très belle, nous a offert un moment de détente bien mérité, même si la fraîcheur du soir nous a vite rappelé qu’on était toujours en hiver au Rajasthan.

Nuit à l'hôtel au Devi Bhawan

Jour 10 – 14 février 2025 : Ranakpur – Temples en marbre et parenthèse naturelle

Durée du voyage - 160 km Environ 2 heures 55 minutes de route

Aujourd’hui, après le petit-déjeuner, nous avons pris la route vers Ranakpur, nichée dans les collines paisibles de l’Aravalli. Et comme souvent avec Lokendra, le trajet était une aventure à lui tout seul, ponctué de plusieurs haltes surprises.

La première fut un atelier de tissage artisanal, tenu par une famille qui perpétue ce savoir-faire depuis plusieurs générations. On a observé le tapissier à l’œuvre, assis devant son métier en bois et corde, entièrement mécanique. Le bruit sourd du battement régulier, le fil tendu, les gestes précis : un vrai moment suspendu. Les tapis, en coton ou en poil de dromadaire, étaient magnifiques. On est repartis avec un petit souvenir roulé sous le bras 😊

Tapîsserie Ranakpur (Jodhpur)

Deuxième arrêt, plus insolite : un temple dédié au dieu des motards ! L’ambiance y était électrique : cloches, encens, chants et petits rituels, le tout dans un joyeux vacarme. On s’est déchaussés, on a déposé quelques fleurs, et on a fait le tour du sanctuaire au rythme de la foule. Dépaysant et touchant à la fois.

Troisième halte : une pause familiale chez la tante de Lokendra, en plein dans un mariage Rajput. On est arrivés en plein cœur de la fête : musique, rires, effervescence. Les femmes de la famille, tantes, grandes-tantes et cousines, ont proposé d’habiller Victoire en tenue traditionnelle — un moment magique et inattendu. Nous avons aussi salué le cousin de Lokendra, le futur marié, très élégant dans son costume. Chez les Rajputs, les mariages peuvent durer jusqu’à deux semaines, et toute la famille est de la partie. Une immersion comme on n’en vit pas souvent.

Famille de Lokendra lors d'un mariage Rajput

L’après-midi, nous avons atteint Ranakpur, et visité ce qui restera l’un de nos plus grands coups de cœur du voyage : le temple jaïn du XVe siècle. Situé dans un écrin de verdure, ce temple est un hymne sculpté dans le marbre blanc.

Dès l’entrée, on est saisis par la lumière, la fraîcheur, la pureté du lieu. Le temple est immense, presque labyrinthique : cours, salles, galeries, escaliers, colonnes, niches, statues… Ça monte, ça descend, dans un équilibre étrange, entre symétrie parfaite et désordre apparent. Un baral géant pousse au centre du temple, comme un gardien silencieux du lieu.

Temple Jaïn (Ranakpur)

Mais ce sont surtout les 1444 piliers sculptés, tous différents, qui marquent l’esprit. Des motifs floraux, des figures, des jeux d’ombre et de lumière qui changent avec le soleil. Il y a quelque chose de mystique dans la façon dont la lumière rebondit sur la pierre. On comprend pourquoi Ranakpur est l’un des cinq hauts lieux sacrés du jaïnisme.

En fin de journée, Lokendra nous a proposé une petite randonnée tranquille le long d’un lac, à proximité de l’hôtel. L’endroit était paisible, très beau… mais apparemment infesté de crocodiles ! (Rassurez-vous, nous n’en avons pas croisé.)

Le soir, nous avons regagné notre hôtel, un splendide palais installé sur les hauteurs. Un dernier plongeon dans la piscine pour se rafraîchir, puis direction le lit, encore un peu étourdis par cette journée riche et inattendue.

Nuit à l'hôtel au Fateh Bagh

Jour 11 – 15 février 2025 : Godwar – Dans le village de Lokendra, immersion en famille

Durée du trajet - 100 km Environ 1 heure 50 minutes de route

Après le petit-déjeuner, nous avons quitté Ranakpur en direction de Jojawar, en traversant la campagne du Rajasthan. Sur la route, Lokendra nous a fait passer par les petits chemins de son enfance, jusqu’au village de Godwar, là où il a grandi.

Ce jour-là, pas de monument, pas de guide, pas de foule : juste la vie quotidienne des habitants, à leur rythme, dans leur décor. C’est sans doute ce qui a rendu cette journée si particulière.

Nous avons commencé par une visite de l’école du village, où les enfants nous ont accueillis comme des stars. Ils ont chanté, dansé pour nous, puis — dans un grand moment de spontanéité — nous leur avons appris quelques pas de rock 😊 Un bel échange, simple et joyeux, plein de rires et de regards complices.

École (Gowar Village Lokendra)

Puis, Lokendra nous a emmenés chez sa maman. Assis dans la cour, à l’ombre, nous avons dégusté un dall maison et un masala tea, dans le calme, sous le regard bienveillant et paisible de cette femme qui semblait porter toute la douceur du lieu.

L’après-midi, direction la maison de l’oncle de Lokendra, qui n’est autre que le chef du village. Il nous a expliqué ses responsabilités : gérer les conflits, organiser les festivités, représenter les habitants auprès de l’administration. Un rôle d’équilibre, entre tradition et modernité, qu’il incarne avec humilité. Sa fille, brillante et déterminée, a intégré l’école de guerre dans l’infanterie : un immense honneur pour la famille. Elle a passé un bon moment avec Victoire, concentrées toutes les deux sur une session de peinture au henné, assises dans la cour, sous le soleil.

Nous avons ensuite suivi Lokendra pour une promenade dans la vallée, en contrebas des collines. Le paysage était magnifique, paisible. En chemin, nous avons croisé des Rabaris, des bergers reconnaissables à leur tenue et leur port altier. Ils font partie intégrante de la vie ici.

Rabari Berger (Godwar Rajasthan)

Sur une petite butte, un temple surplombe la vallée. Chaque année, pendant 9 jours, les villageois y jeûnent, prient et dorment sur place. C’est un lieu fort, respecté. Nous y avons allumé quelques coques de noix de coco en guise d’encens, et partagé un moment de silence. Des enfants nous suivaient, curieux, et nous avons pu échanger quelques mots avec eux. Leur regard pétillait de questions.

Encens temple (godwar)

Le soir, Lokendra nous avait réservé une cérémonie traditionnelle d’accueil, organisée chez lui. Quatre prêtres du village étaient présents pour partager avec nous un rituel ancestral : le port du turban et le partage symbolique de l’opium, geste de bienvenue et de respect. Ce fut un moment fort, à la fois simple et solennel.

Après un bon dîner, nous avons regagné notre hôtel en rickshaw, dans une longue course dans la nuit noire.

Nuit à l'hôtel au Rawla Jojawar

Jour 12 – 16 février 2025 : Kumbhalgarh – Un fort isolé aux murailles infinies

Durée du voyage - 150 km Approx. 2 h 20 min de route

Ce matin-là, nous avons pris le temps. Petit-déjeuner tardif, dans le calme d’un hôtel princier niché entre les collines — une petite parenthèse hors du temps. Rien ne laissait présager que cette journée allait être l’une des plus marquantes du voyage, entre train vintage et fort préféré du Rajasthan.

Nous avons quitté Jojawar pour rejoindre la petite gare de Phulad, direction : un voyage ferroviaire rural de 25 km, à travers les montagnes et les vallées de l’Aravalli.

Locomotive (Phulad Rajasthan)

Ce train, utilisé aussi bien par les locaux que par quelques curieux, avance lentement, sans stress ni foule. On s’attendait à un wagon bondé… mais finalement, nous avions presque un compartiment pour nous seuls. Ganesh, toujours aux petits soins, est même parti nous chercher un casse-dāl — (elle est pas mal, non ? 😉) — que nous avons dégusté en regardant la gare s’éloigner.

Très vite, le train s’est mis à grimper doucement les flancs de la montagne. Et là, le spectacle a commencé : vues plongeantes sur des ravins profonds, collines boisées, troupeaux paisibles, ponts de pierre anciens, tunnels creusés dans la roche… On se serait crus dans une version indienne du Poudlard Express.

Train dans la vallée d'aravalli (Rajasthan)

Puis, le train a marqué une halte dans le "village des singes". Une scène presque surréaliste : les singes à face noire attendaient, rangés comme à l’école, pendant que des villageois leur distribuaient des bananes… Certains sont même montés dans notre wagon, curieux et un brin effrontés. Un vrai moment de cinéma.

Singe dans le train (Aravalli Rajasthan)

À Khamlighat, nous avons quitté le train, encore émerveillés, pour reprendre la route en direction de Kumbhalgarh. Deux heures plus tard, nous arrivions au pied de notre fort coup de cœur.

Je n’étais pas au meilleur de ma forme, un peu patraque, mais impossible de passer à côté : avec Victoire et Lokendra, nous avons entamé l’ascension du fort, à flanc de montagne. Et quelle ascension ! Plus on montait, plus la vue se déployait. Terrasses vertigineuses, temples à perte de vue, remparts ondulant sur plusieurs kilomètres, assez larges pour que sept chevaux puissent y galoper côte à côte.

Kumbhalgarh, c’est un autre monde. Loin du bruit, loin des foules. Isolé, majestueux, mystique.

Fort Kumbhalgarh (Rajasthan)

La lumière dorée de fin de journée en faisait un tableau vivant.

Nous avons terminé la visite par un spectacle son et lumière, à la tombée de la nuit. Même sans comprendre l’hindi, grâce aux explications de Lokendra, nous avons suivi l’histoire et admiré les jeux de lumière sur les pierres du fort, révélant ses courbes et ses volumes dans la pénombre.

Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, le fort de Kumbhalgarh est considéré comme le deuxième plus grand mur fortifié au monde. Et pourtant, ce joyau reste étonnamment préservé.

Nous avons terminé la journée au Mahua Bagh Resort, l’un des plus beaux hôtels dénichés par Lokendra. Dîner au calme, puis une nuit bien méritée après cette journée digne d’un roman d’aventures.

Nuit à l'hôtel au Mahua Bagh Resort

Jour 13 – 17 février 2025 : Udaipur – Coup de cœur entre lacs et palais

Durée du voyage - 100 km Environ 2 heures 35 minutes de route

Après une bonne nuit de sommeil, nous avons découvert au petit matin notre hôtel perché dans les hauteurs. Un véritable havre, composé de bungalows de luxe disposés sur les flancs d’une colline, reliés entre eux par une allée serpentante où des tuk-tuks assurent les navettes jusqu’à la réception ou au restaurant. Et quel restaurant ! Un buffet des plus généreux, dans un décor élégant et reposant.

Mahua Bagh Resort (Kumbhalgarh)

Après le petit-déjeuner, nous avons pris la route vers Udaipur.

Udaipur… c’est mon coup de cœur. Une oasis douce et lumineuse, parsemée de lacs, de ponts, de jardins, de ghats, de fleurs en février. Une Venise indienne, pleine de grâce. Malgré sa taille et son activité, la ville dégage un calme et une harmonie rare en Inde. Il y flotte un mélange subtil d’élégance rajput et d’influences anglaises, avec une organisation paisible et un charme visuel permanent. Ici, tout est tableau.

À notre arrivée, nous avons posé nos valises dans un hôtel exceptionnel : le Karohi Haveli, l’un des plus beaux bâtiments de la ville, surplombant Udaipur de ses tourelles et terrasses. Construit en 7 niveaux, dont les deux derniers entièrement réservés aux terrasses panoramiques, cet hôtel est organisé autour d’une cour intérieure majestueuse, abritant un baral ancien, symbole de paix. Les chambres offrent soit une vue sur cette cour paisible, soit sur la ville et ses toits colorés, ou encore sur la rivière Swaroop Sagar qui se jette dans le lac Pichola. Depuis la terrasse, on apercevait le City Palace, trônant au bord de l’eau.

Terrasse de l'hotel karohihaveli (Udaipur)

Udaipur est nichée dans les montagnes Aravalli, et même si son passé est tumultueux, elle dégage aujourd’hui une sérénité hors du commun. Jadis caravansérail, puis capitale princière, elle est devenue l’une des villes les plus romantiques du monde, avec ses palais flottants, ses jardins en terrasse, ses temples et ses bazars animés. Une ville idéale pour se promener et respirer.

Nous avons visité le City Palace, ce vaste complexe de 5 hectares construit entre le XVIe et le XXe siècle. Ce jour-là, une série y était tournée — ambiance inattendue, caméras et figurants en costumes au milieu des fresques et des balcons suspendus. Le City Palace est un bel équilibre entre la rigueur militaire rajput et le raffinement décoratif moghol. Chaque cour, chaque galerie dévoile une nouvelle perspective sur la ville et le lac.

Palace Udaipur

Après le déjeuner, nous avons découvert Saheliyon Ki Bari, un jardin royal parsemé de fontaines, de fleurs, de chemins ombragés et de chants d’oiseaux. Un lieu doux, féminin, presque intime.

En fin de journée, balade dans les rues de la vieille ville, visite de quelques temples, puis pause sur les berges. L’air était frais, la lumière dorée. Tout invitait à ralentir.

Le soir, nous avons assisté au spectacle du Bagore Ki Haveli, une véritable institution culturelle à Udaipur. Comme souvent : une heure de queue pour entrer... sauf pour nous, grâce à Lokendra, qui connaît visiblement tout le monde ici. Nous avons profité de ce temps gagné pour nous poser sur les marches du Gangaur Ghat, un lieu mythique de la ville. Le coucher de soleil sur le lac, depuis cette place, est un souvenir qui reste gravé.

Quant au spectacle : danses folkloriques, marionnettes traditionnelles, costumes, musiques… Une heure de culture vivante, sincère, sans artifices. Un vrai bijou à ne pas manquer.

Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, le fort de Kumbhalgarh est considéré comme le deuxième plus grand mur fortifié au monde. Et pourtant, ce joyau reste étonnamment préservé.

Nuit à l'hôtel au Karohi Haveli

Jour 14 – 18 février 2025 : Udaipur – Trek matinal, temples, marchés et dîner chez la sœur de Lokendra

Ce matin-là, pas de grasse matinée !

Fans de randonnée, nous avons embarqué dès l’aube avec Lokendra pour explorer les vallons et les lacs cachés autour d’Udaipur. Il faisait encore frais, la lumière douce, et l’atmosphère calme… jusqu’à ce qu’on tombe nez à nez avec un mariage Rajput en pleine route.

En Inde, le bruit n’est pas un problème. Il fait partie de la fête.

Et ici, un mariage, c’est quelque chose qui se vit, se crie, se danse et surtout… se partage.

Le cortège partait du domicile du marié, mené par un sono-truck délirant, véritable char audio crachant une musique hyper rythmée (à la limite du supportable pour un tympan occidental, mais impossible de ne pas bouger la tête).

Cortège d'un mariage Rajput (Udaipur)

Puis venaient les témoins, les amis du marié, en transe : ils dansaient, sautaient, hurlaient, tiraient même des coups de fusil en l’air. Et, au milieu de tout ça, le marié Rajput, juché fièrement sur un cheval blanc, somptueux.

Au lieu de rester coincés dans la voiture, on a fait comme tout le monde : on a sauté dans le cortège. Ganesh, stoïque, s’est chargé de retrouver le chemin pendant que nous, on célébrait. Une parenthèse inattendue, joyeuse, chaotique… parfaitement indienne.

Puis, retour au calme. La randonnée nous a conduits à travers les collines, avec de magnifiques vues sur les chaînes Aravalli, les plus anciennes montagnes de l’Inde. Une montée d’une demi-heure, juste ce qu’il faut pour se sentir en hauteur, avec le soleil qui se levait sur les lacs, les barques, et quelques pêcheurs matinaux. Un moment simple, mais fort.

Randonnée à Udaipur

De retour à l’hôtel, nous avons dégusté une omelette massala, des fruits, du thé… et bien sûr : des chapatis ! 😄

Après le petit-déjeuner, promenade en bateau sur le lac Pichola, paisible et enchanteur.

Petite escale sur l’île Jagmandir, entourée d’eau, de fleurs et de marbre blanc, avant de reprendre le bateau vers la ville.

Puis visite du temple Jagdish, magnifique édifice dédié à Vishnu. L’architecture est splendide : trois étages sculptés, des piliers finement décorés, des plafonds ouvragés... un temple vivant, plein de ferveur et d’énergie.

Jagdish Temple (Udaipur)

L’après-midi, pause bien méritée. Un peu de lecture, un plongeon dans la piscine, une sieste au calme : on savourait chaque minute.

En fin de journée, nous avons entamé une promenade patrimoniale dans Udaipur, une immersion dans la vraie vie de la ville.

Nous avons longé les ghats, visité les temples au bord du lac, puis exploré le quartier de Sunarwada, connu pour ses bijoutiers. On a pu observer les orfèvres à l’œuvre, martelant l’or avec précision, ainsi que des artisans potiers façonnant la terre avec savoir-faire. Puis passage par le marché aux légumes et aux épices : explosion de couleurs, de senteurs, de visages.

Marché Vannerie (Udaipur)

Le soir, Lokendra nous a fait une belle surprise : dîner chez sa sœur. Un moment simple, chaleureux, sincère.

Elle travaille en comptabilité à l’hôpital, et coud de magnifiques robes traditionnelles pendant son temps libre. Tout l’immeuble est bien entendu venu nous saluer, dans une ambiance joyeuse et bienveillante. On s’y est sentis accueillis comme des proches.

Retour à l’hôtel en tuk-tuk, dans une course folle à travers les rues nocturnes d’Udaipur. Rires, virages serrés et lumières de la ville en fond. Une belle façon de clore cette journée intense… et pleine de contrastes.

Nuit à l'hôtel au Karohi Haveli

Jour 15 – 19 février 2025 : Bundi – Jungle, singes et peintures oubliées

Durée du voyage - 270 km Environ 4 heures 30 minutes de route

Ce matin-là, en quittant Udaipur, j’avais un pincement au cœur.

Ses lacs, ses couleurs, sa culture si singulière… tout me manquait déjà.

Je me suis promis d’y revenir un jour — qui sait, peut-être pour le travail ?

Une idée commençait à germer : pourquoi ne pas créer un blog pour faire découvrir les programmes de Lokendra ?

Lui semblait enthousiaste à l’idée, heureux qu’un voyage avec lui puisse inspirer une telle suite.

Et c’est justement ce matin-là qu’il est venu nous chercher, comme tous les matins, avec son habituel « on y va ! », prononcé en français impeccable. Pour lui offrir une petite variante, on lui a appris une nouvelle expression :

« C’est parti ! »

Facile à retenir, surtout que ça ressemble à "chapati", la galette si populaire ici…

Et voilà comment est né ce blog 😊

Après le petit-déjeuner, nous avons pris la route vers Bundi, autre joyau discret du Rajasthan, ancien royaume Rajput connu pour ses guerriers courageux et son patrimoine encore préservé.

Arrivés sur place, nous nous sommes rapidement installés à l’hôtel, puis avons déjeuné au bord d’un étang paisible, juste en contrebas du fort. Une pause tranquille avant d’attaquer l’ascension du fort de Taragarh.

Bundi Nawal Sagar

Construit au XVIe siècle, Taragarh est bien moins connu que les grands forts de Jaipur ou Jodhpur. Moins touristique, moins restauré, mais c’est justement ce qui lui donne son charme brut.

On y ressent la force du temps, la trace des siècles, comme si l’histoire dormait dans ses murs fissurés.

À mesure que l’on progresse dans les terrasses, les cours et les salles vides, la nature reprend peu à peu ses droits.

Fort Taragarh (Bundi Rajasthan)

Les singes grimpent le long des murs effrités, les lianes s’infiltrent dans les fenêtres sculptées, et la lumière s’infiltre à travers les découpes de pierre, rebondissant doucement sur des fragments de miroirs, sur des peintures anciennes, mi-effacées, mi-surnaturelles.

Plus haut encore, le sentier continue jusqu’au palais de la reine, le Ranisa Tara Palace, au sommet de la colline. Là, la jungle a tout envahi.

Les arbres poussent à travers les ruines, les racines courent sur les marches, les singes sont rois, sans peur, sans gêne.

L’atmosphère est irréelle — comme un écho du Livre de la Jungle.

On s’attendrait presque à voir le serpent Kaa se glisser entre les pierres, ou le roi Louie bondir d’une arcade à l’autre, dans un décor oublié des hommes.

Palace Ranisa Tara (Bundi)

Après cette longue balade, nous avons savouré une soirée calme à l’hôtel, au bord de l’étang…

…animé par un mariage local, encore un. Un peu de musique, quelques rires, des lumières flottant sur l’eau.

Une belle dernière image pour clore ce voyage inoubliable

Nuit à l'hôtel au Bundi Haveli

Jour 16 – 20 février 2025 : Chittorgarh – mémoire vive d’un royaume disparu

Durée du voyage - 170 km Environ 3 heures et 5 minutes de route

Après le petit-déjeuner, nous avons pris la route vers Chittorgarh, ancienne capitale du royaume du Mewar, perchée sur un haut plateau surplombant la plaine.

Cette cité de pierre est habitée par l’histoire, marquée à jamais par le rituel du Jauhar, ce sacrifice collectif devenu symbole d’honneur et de courage. Les figures légendaires de Rani Padmavati ou Rani Karnavati sont encore dans tous les esprits — et dans la culture populaire, notamment à travers le film Padmaavat , sorti en 2018.

Le fort de Chittorgarh, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, est l’un des plus vastes du Rajasthan. Bâti à l’origine par la dynastie Maurya, puis conquis par Bappa Rawal en 734, il fut la capitale du Mewar pendant des siècles. C’est ici que la résistance Rajput a connu certains de ses plus grands moments de bravoure.

Palace Chittorgarh Kumbha

Pour la visite du fort, Lokendra avait prévu pour nous un guide professionnel, passionné et captivant.

Il nous a emmenés à travers les ruines du palais royal, en nous racontant les scènes de la vie de cour : l’école des jeunes princes, les stratégies de défense, les choix d’habitat selon les menaces extérieures.

Chittorgarh, souvent menacé par des ennemis plus puissants (notamment les Moghols), a été assiégé à plusieurs reprises, parfois pendant des mois.

Lorsque la défaite devenait inévitable, les femmes Rajput s’immolaient par le feu dans la cour du fort, refusant d’être capturées.

Le lieu même de ce Jauhar est aujourd’hui un jardin calme et fleuri… mais chargé d’émotion.

Nous avons ensuite parcouru les différents temples du fort, dont le temple Jaïn et le très joli Meera Temple, dédié à la poétesse et dévote du seigneur Krishna.

Vijay Stambh (Chittorgarh)

Puis, direction l’un des symboles du site : la Tour de la Victoire (Vijay Stambh), haute et sculptée, visible de loin. Non loin de là, nous avons rejoint le temple Kalika Mata, au bord du Gaumukh Kund, un vaste réservoir d’eau creusé dans la roche, impressionnant d’ingéniosité.

Les palais s’enchaînent au fil de la visite. Celui de la Maharani Padmini est l’un des plus paisibles. Il domine un bassin qui se remplit selon les saisons, au centre duquel trône un petit palais sur son îlot, le Khattan Palace. Tout autour, des allées ombragées, des petits jardins, des murs partiellement effacés par le temps.

Bassin Maharani Padmini (Chittorgarh)

En fin d’après-midi, nous avons atteint la porte Suraj, à l’est du fort. Depuis les remparts, le panorama est époustouflant : collines, vallées, plaines, et cette lumière de fin de journée qui donne aux pierres une teinte rougeoyante. On imagine sans peine les batailles médiévales qui ont secoué cette terre.

Sur le chemin du retour, nous avons fait un détour par la tour Kirti Stambh, puis nous avons rejoint notre hôtel.

Sur le rooftop, avec une cold coffee glacée, un bon livre en main et les prières musulmanes et hindoues se mêlant dans l’air du soir, nous avons savouré ce moment suspendu.

Vue du fort Chittorgarh depuis la rive de la rivière Gambhiri

Le soleil se couchait lentement, colorant les remparts du fort dans un camaïeu de rouge et d’or.

La soirée s’est conclue par un très beau son et lumière retraçant l’histoire du site. Un spectacle bien conçu, mêlant musique, voix off, lumière et émotion, dans le décor naturel du fort lui-même.

Nuit à l'hôtel Grand

Jour 17 – 21 février 2025 : 🛕 Pushkar – marche pieds nus autour d’un lac sacré

Durée du voyage - 230 km Environ 3 h 58 min de route

Ce matin, nous avons quitté Chittorgarh pour rejoindre Pushkar, l’une des plus anciennes villes de l’Inde, nichée dans une vallée au nord-ouest d’Ajmer. Située à 510 mètres d’altitude et entourée de collines sur trois côtés, Pushkar est à la fois un haut lieu du pèlerinage hindou et une ville pleine de charme.

Entre ses temples, ses ghats, ses couleurs, ses vaches, ses fleurs et ses processions, on y plonge dans une Inde à la fois mythologique, mystique et vivante.

Lac Pushkar (Rajasthan)

Surnommée “la roseraie du Rajasthan”, Pushkar est aussi connue pour son eau de rose, dont l’essence est exportée dans le monde entier.

Nous avons déjeuné dans un petit bijou d’hôtel, Brahma Horizon (), encore une trouvaille signée Lokendra. Calme, beau, décoré avec goût, et entouré de verdure.

Mais pas le temps de s’éterniser, direction le lac sacré de Pushkar, situé au centre de la ville.

Et quand je dis sacré… c’est vraiment sacré.

Ici, on enlève ses chaussures pour marcher dans la ville, sur les ghats, dans les ruelles, dans les temples… Une marche pieds nus, sous le regard bienveillant des vaches, des brahmanes et des badauds.

Chaussures & Pieds nus pour accéder au lac Pushkar

Lokendra nous raconte la légende : le dieu Brahma, créateur de l’univers, aurait laissé tomber un lotus à cet endroit. De cette fleur serait né le lac de Pushkar, et la ville en aurait hérité le nom.

C’est ici qu’a été construit le seul temple dédié à Brahma dans le monde entier.

Le lac est entouré de ghats (escaliers qui descendent vers l’eau), chacun associé à une communauté ou à une histoire. Des fidèles viennent tremper leurs pieds, leur tête ou leur corps entier, dans un va-et-vient perpétuel entre les hauteurs de la ville et les rives du lac.

Et, comme toujours en Inde, les vaches font partie de la scène, tranquillement installées, allant d’un temple à l’autre, montant ou descendant les marches comme si elles étaient chez elles.

Tout ici est vivant, sacré, et coloré.

Vache devant le lac Pushkar

Au bout du lac, nous avons visité le temple de Brahma, facilement reconnaissable à sa flèche rouge et au cygne sculpté à son sommet (l’animal sacré du dieu).

À l’intérieur, se trouve l’idole chaturmukhi (à quatre visages) de Brahma. Autour d’elle, des fidèles, des fleurs, des chants… et une atmosphère très particulière.

Petit détail étonnant : alors que toutes les divinités sont représentées pieds nus, le dieu Surya (le soleil) porte de vieilles bottes de guerrier sculptées dans la pierre. Un clin d’œil rare dans l’iconographie hindoue.

En regagnant l’hôtel, nous avons croisé une procession de femmes, qui célébraient une naissance dans leur communauté. Elles dansaient, chantaient, riaient, habillées de couleurs éclatantes. Encore une belle occasion d’arpenter les ruelles de Pushkar, en se laissant porter par l’ambiance joyeuse.

Beaucoup de femmes marchant dans les rues de Pushkar

De retour à l’hôtel, nous avons profité d’un moment de repos au bord de la piscine splendide, avec une petite sieste bienvenue.

Le soir venu, nous sommes retournés au temple de Brahma pour assister à la prière du soir. Une chance rare, puisque ce temple est unique au monde.

Assis sur le sol frais, dans l’enceinte du sanctuaire, nous nous sommes laissés porter par les chants religieux entêtants, rythmés, puissants.

Un moment hors du temps, presque hypnotique…

(Petit conseil : prévoyez des boules Quies. La ferveur hindoue est aussi forte que sonore ! 😅)

Nuit à l'hôtelBrahma Horizon

Jour 18 – 22 février 2025 : Ranthambore – Sur les traces (uniquement les traces d’ailleurs) du tigre

Durée du voyage - 280 km Environ 5 heures et 58 minutes de route

Aïe aïe aïe… voici la journée de la petite déception.

Mais une déception toute relative, parce que Ranthambore reste un lieu magique, même quand le roi des lieux ne daigne pas se montrer.

Nous avions demandé à Lokendra de nous organiser une journée dans le célèbre parc national de Ranthambore, l’un des plus beaux du Rajasthan, réputé pour abriter environ 55 tigres du Bengale, en liberté dans une réserve de 1300 km² (dont 400 sont ouverts à la visite).

C’est aussi un écosystème incroyable, peuplé de cerfs, antilopes, ours, crocodiles, singes, oiseaux nocturnes et diurnes… Un coin de jungle préservé, sauvage, vivant.

Murs du fort Ranthambore

Au cœur de cette réserve se dresse le fort de Ranthambore, majestueux, sur un promontoire rocheux.

C’est le domaine des singes, particulièrement les langurs à face noire.

Ils y vivent comme chez eux, sautant d’une arche à l’autre, grimpant le long des murs, s’abritant dans les salles désertées.

La visite du fort offre une belle occasion de les observer, mais aussi d’imaginer ces lieux à l’époque des rois, aujourd’hui engloutis par la nature.

Pendant notre premier safari, nous avons vu toutes sortes d’animaux : des cerfs élégants, des antilopes massives, des familles de singes, et même quelques crocodiles prenant le soleil au bord d’un plan d’eau.

Singe accroché à un poteau dans le fort de Ranthambore

Mais… pas de tigre.

Pas d’ombre rayée, pas de frisson dans les hautes herbes, pas de rugissement lointain.

Alors que nous reprenions le chemin de l’hôtel, un peu déçus mais lucides (et résignés), Lokendra, toujours à l’écoute, a eu pitié de nous.

Voyant nos mines abattues, il a modifié le programme en dernière minute.

“Demain matin,” nous dit-il, “on y retourne.”

Il avait organisé, en toute discrétion, un nouveau safari à l’aube, quand la lumière est plus douce, et que les tigres sont censés être plus actifs.

Les guides nous glissent : “Il y a 60% de chance de les voir au lever du jour.”

On décide d’y croire.

Ce soir-là, on se couche tôt, la tête pleine d’images, et l’espoir encore bien vivant.

Nous avons dormi dans le superbe Aangan Resort Ranthambore

Jour 19 – 23 février 2025 : 🐅Dernière chance à Ranthambore… et dernier frisson à Gwalior

Durée du voyage - 300 km Environ 6 heures 15 minutes de route

Il est 5h. Ranthambore s’éveille.

Un thé brûlant, trois biscuits, et nous voilà repartis dans la nuit noire, déterminés à retenter notre chance.

Cette fois-ci, nous grimpons à bord d’une véritable jeep de piste, totalement ouverte. Pas de toit, pas de vitres, vue à 360°, le vent du matin dans le visage.

Quatre Anglais se joignent à nous, et nous pénétrons dans le parc, guidés par deux naturalistes chevronnés, concentrés comme des guetteurs en territoire ennemi.

Pendant trois heures, nous sillonnons les pistes sinueuses.

Pas une trace humaine pendant près de deux heures.

Mais des animaux : antilopes géantes, cerfs, chouettes, rapaces...

La nature est là, sauvage, vivante, silencieuse.

Les guides scrutent chaque détail : les falaises à l’horizon, les traces dans la poussière, les odeurs dans l’air.

Guide lors du Safari dans le parc Ranthambore

À plusieurs reprises, nous apercevons de larges empreintes félines sur le sable. Une patte ici, une autre là.

Sous un arbre, une écorce profondément entaillée par des griffes de tigre mâle, à près de deux mètres de hauteur. Impressionnant. Il est passé par là, c’est certain.

Peut-être est-il encore tout près…

Et si, lui, nous observait ?

Mais malgré les frissons, le tigre restera invisible.

La jeep avance, vibre, glisse parfois, mais l’espoir commence à s’amenuiser.

Sur un promontoire rocheux, nous faisons une pause. La vue sur le parc est à couper le souffle.

Singe accroché à un poteau dans le fort de Ranthambore

Puis, en silence, nous reprenons la route vers la sortie.

Pas de tigre pour nous, pas cette fois.

Lokendra, en souriant, nous montre les photos de ses précédentes visites : des tigres à quelques mètres, traversant la piste, se baignant dans les lacs

Tigre prenant un bain dans le parc Ranthambore

Encore aujourd’hui, il nous envoie des vidéos de félins jouant ou se reposant à Ranthambore.

Tant mieux pour lui… dommage pour nous !

Nous reprenons la route vers notre dernière étape : Gwalior.

En raison de notre détour matinal, nous arrivons trop tard pour visiter le fort.

Mais Lokendra réussit à nous réserver des places pour le son et lumière, et quel spectacle !

Installés face au mur de grès abrupt du fort, nous découvrons l’histoire de Gwalior projetée en sons, lumières et récits.

Projection sur les roches, spectacle son & lumière Gwalior

Le spectacle est en anglais, bien conçu, riche en contenu, et magnifiquement mis en scène.

La roche devient écran, les ombres dansent, les voix du passé résonnent dans la nuit.

Le fort de Gwalior, que nous ne visiterons que de l’extérieur ce soir-là, est un véritable chef-d’œuvre défensif, un monstre de pierre qui domine la ville.

Ses temples, ses palais et ses murs racontent plusieurs siècles d’histoire, influencés à la fois par l’architecture hindoue et islamique.

Le Teli ka Mandir du IXe siècle, ou encore le Sas Bahu ka Mandir du XIe, en sont des exemples saisissants.

C’est donc ici, au pied de cette citadelle millénaire, que notre périple au Rajasthan touche doucement à sa fin.

Et même sans tigre, on repart avec des images plein les yeux, des rencontres plein le cœur, et une seule envie : revenir.

Nuit à l'hôtel Landmark

Jours 20 et 21 – 24 et 25 février 2025 : Derniers jours – chapati pour la France … au revoir, pas adieu

Avant l’aurore, nous avons dit au revoir à Ganesh, notre fidèle chauffeur, discret, patient, toujours souriant. Un au revoir sincère, avec l’envie de le revoir un jour, sur une autre route, dans une autre aventure.

Nous avons ensuite repris la direction de Delhi en train couchette. Une nuit confortable, rythmée par le roulis des wagons, comme une dernière berceuse indienne.

Station de train de nuit (Gwalior)

Notre vol n’étant que le lendemain, Lokendra, encore une fois aux petits soins, a modifié son programme pour nous accompagner jusqu’à un hôtel proche de l’aéroport.

Mais il ne s’est pas arrêté là : dans l’après-midi, il nous a proposé une dernière escapade dans le Delhi moderne.

Batîments modernes à Dehli de nuit

Centre commercial climatisé, grandes enseignes, chaînes de restauration à l’occidentale…

On a testé notre tout premier “Western” européen en Inde.

Verdict ?

Franchement… ça ne vaut pas un bon chapati. 😄

Ah… les chapatis.

Symbole du quotidien indien.

Simple, rond, chaud, nourrissant, toujours là.

À l’image de ce voyage.

Un voyage de rencontres sincères, de poussière dorée, de safaris sans tigre mais pleins de vie, de forts imprenables, de lacs sacrés, de mariages imprévus, de moments suspendus, de rizières, tuk-tuks, temples, henné, ghats et ghazals.

Oui, on reviendra.

C’est sûr.

Et vous ?

Ça vous dit ?